Description
Monolithe, perle baroque du désir, par Laurent Henrion, photographe
Monolithe, de Laurent Henrion, est un livre dense aux images souples et légères. Poids de la couverture cartonnée très épaisse, noir de goudron, déferlement de formes sur la page.
Cet ouvrage d’essence baroque explore les perles irrégulières du désir. Il y a des ténèbres et de troubles lumières, des bulles de savon et des grillages contre lesquels se heurtent les chairs.
Constellations, le dedans est le dehors, le dehors est le dedans, on ne désire pas seul.e mais avec l’univers, les routes torves, le cube de mystère où repose notre âme. Monolithe plie et déplie, regarde des lignes géométriques transcendantes, des murs de soutènement, des contreforts. C’est la chorégraphie de personnages en quête d’auteur – d’amour ? -, bascule de la tête, cou tendu, liquides baptismaux coulant sur les visages. Laurent Henrion ne dissocie pas le petit point de brillance de la sensation du cosmos, inventant son ouvrage dans la mise en relation des énergies masculine et féminine.
Joie des polarités, solitude, immensité, fleurs ouvertes au parfum de luxure. Impression de corps sculpturaux entrant en mutabilité, en métamorphose, en réinvention de soi.
Marées, cascades, chutes, tombées, tourbillons, naissances.
Appel de la peau, rotondité des fesses, introspection.
Le désir est aveugle, mais Monolithe voit, organise, assemble, trouve des cohérences, des récurrences, des points de dérivation.
Tout est silencieux, mais tout parle.
Des lignes comme des déchirures. Des éclats sur un miroir. Des étreintes spectrales. L’œuvre de Laurent Henrion ne peut s’aborder qu’en poésie, car elle est brume et clartés enténébrées, colonnes corinthiennes et nage erratique dans le flux du temps.
Barbelés des végétaux, douceur des épidermes, gestes apotropaïques lancés dans l’espace. Chaque photographie est un tableau étrange et fascinant, halos de lumière en envol, amniotique de la nuit, étincelles de l’attirance sexuelle.
Dans le royaume de Laurent Henrion, il y a des demeures abandonnées dans des bois, des cabanes devenant des temples, un pari sur la grâce pour traverser l’époque et ses maléfices.
Ça sent la fécondité, l’air est une parturiente nous accouchant sans cesse dans un souffle épuisé, il pleut des ovules comme des gouttes de rosée. L’enfant viendra comme un grain de grenaille. D’abord très sombre, Monolithe s’est ouvert à la couleur, demain est déjà un bel aujourd’hui.
Il faut parfois un livre pour parvenir à s’aimer. Rôde encore le diable, mais il est de comédie, piment rouge planté dans l’anus, le voilà qui rit.
On ne quitte pas Monolithe, on lui appartient.