Hématomes

Ada, au-delà de l’image est à la fois le texte du spectacle éponyme et un livre d’artiste qui offre une lecture typographique et photographique singulière. Les photographies de pierre, mémoire minérale creusée par le temps, oppose à la froide logique de l’intelligence artificielle la profondeur d’une trace brute, imprévisible, échappant au calcul. Elles révèlent l’essence du monde : une matière patiente, inscrite dans la durée, plus vaste que nos programmations. Il est inspiré des recherches scientifiques, philosophiques et poétiques de la mathématicienne Lady Ada Lovelace (1815-1852) et des scientifiques contemporaines Michèle Gouiffès et Behnoosh Mohammadzadeh (Laboratoire Interdisciplinaire des Sciences du Numérique LISN CNRS Université Paris Saclay), Tina Nikoukhah (École normale supérieure Paris Saclay) et Joy Buolamwini (Massachusetts Institute of Technology MIT).

ADA, au-delà de l’image est une traversée poétique et philosophique au cœur des dérives d’un monde sur-programmé. Elle explore une réalité troublante : celle d’une intelligence artificielle qui ne reconnaît pas certains visages de femmes. Nourrie de données biaisées, façonnée par des regards masculins, la machine échoue parfois à voir. Ada, ingénieure en informatique, se heurte ainsi à sa propre invisibilité. Face à une IA incarnée par un homme et un chœur, elle cherche à corriger les distorsions d’un système qui lui refuse son image. Ce dialogue sensible entre femme et machine devient peu à peu méditation profonde sur l’identité. De la froideur des algorithmes aux premières empreintes de mains sur les parois des cavernes, il remonte le fil de notre besoin ancestral de laisser une trace, d’être vu·e, d’être reconnu·e.